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Interview de Carole Thiebaut : naturopathe, heilpraktikerin | Conseillère en gestion de fertilité

Bonjour Carole. Pouvez-vous me parler de votre parcours scolaire et professionnel ?

Au départ, j’ai fait des études de droit qui m’ont dirigée vers les ressources humaines. Ce métier est très intéressant mais j’ai eu envie de changer de voie… J’ai décidé de me diriger vers la naturopathie dès que j’ai découvert ce métier, parce que cela correspondait à ce que je faisais dans ma vie personnelle, sans pour autant lâcher le côté « humain ». Je l’aborde simplement par une autre porte. L’ « écoute » et l’aspect « humain » ont toujours été présents.

En quelques mots, en quoi consiste le métier de naturopathe ?

Le métier de naturopathe consiste à maintenir ou à rétablir l’équilibre de santé. Bien que le but soit toujours le même ou quasiment, le chemin pris pour y arriver est toujours différent d’une personne à l’autre, ce qui rend ce métier dynamique et dépourvu de routine. Lorsque j’accueille une nouvelle personne, c’est comme si j’étais en terrain inconnu. En faisant le bilan de vitalité de la personne, je m’adapte à son cas à l’aide de mes outils de naturopathe et je mets en place les changements adéquats dans le mode de vie de la personne. Cependant, aucun changement n’est imposé. Il s’agit d’une démarche toujours main dans la main le client. Les personnes ont réellement envie, et je prends soin de cette envie. La principale limite du métier est l’engagement de la personne qui vient.
Mon métier prend tout son sens lors de la dernière séance, puisque cela veut dire que j’ai bien travaillé et que la personne est bien mieux qu’au départ. J’aime la lueur dans les yeux de mes clients au moment où ils prennent conscience de son pouvoir d’autonomie concernant sa santé. J’ai été témoin du bout de chemin d’une personne qui en avait besoin.

Comment se déroule une séance de naturopahtie ainsi que le suivi ?

La première séance consiste en un bilan de vitalité naturopathique dont l’objectif est de faire connaissance, de comprendre« à qui on a à faire » d’un point de vue naturopathique. . Je fais une sorte de « photo » de l’instant présent afin de savoir comment fonctionne l’organisme, comment la personne se nourrit, comment son organisme évacue, ou encore quels sont ses antécédents. A partir de ce bilan, un premier axe de travail est établi pour répondre à la problématique. La première séance dure entre 1h et 1h30.
Par la suite, il y a un suivi sur les changements qui ont pu être opérés ou non. Si les changements n’ont pas vu le jour, j’essaie de comprendre pourquoi et de trouver comment adapter les besoins avec les capacités de changements de la personne. Si les changements sont bien effectués, je regarde quels sont les résultats. Mon objectif est de mêler accessibilité et ’efficacité du suivi.

Lorsqu'une personne vous consulte pour un problème d'infertilité, comment se passe la séance ainsi que son suivi ?

La femme vient généralement seule, rarement en couple. Parfois, il m’arrive de demander au partenaire de venir. La naturopathie va optimiser et préparer le terrain, avant ou pendant le traitement. On ne travaille pas sur de la pathologie mais bien sur l’hygiène de vie. Les couples sont très bien pris en charge dans les parcours PMA, tellement bien qu’ils peuvent le vivre comme une dépossession de leur capacité de procréation qui, dans l’inconscient de la plupart des gens, devrait être « naturelle ». Mon travail d’accompagnement leur rend la sensation, psychiquement, d’être acteurs de leur parcours. La femme peut se dire « je ne suis pas normale, pas capable de mettre au monde, alors que c’est naturel, et moi j’ai besoin de quelque chose pour le faire ». La naturopathie lui rend ce type de capacité à se sentir utile.
Je vais vous faire part d’un exemple concret que j’ai vécu. Après deux parcours de stimulation ovarienne sans résultat (pas de follicule « exploitable »), une cliente est venue me consulter. Quatre mois après avoir démarré un travail ensemble pour résoudre cette problématique, une nouvelle stimulation a donné 6 follicules. Elle était contente, parce qu’elle a eu un rôle et a été partie prenante dans le processus.


Le suivi se fait-il sur le couple ou uniquement sur le partenaire infertile ?

Tant que la personne a besoin de conseils et ne se sent pas encore confiante dans ce qu’elle doit mettre en place pour améliorer son hygiène de vie, le suivi continue. Comme nous ne travaillons pas sur des pathologies, tout le monde peut agir sur son hygiène de vie. La naturopathie est avant tout une démarche préventive. C’est pourquoi oui, nous accompagnons les couples qui présentent des pathologies mais aussi ceux pour lesquels on leur dit : « Tout fonctionne ».

En termes de mode de vie, quelles sont vos recommandations pour booster la fertilité ?

Avant tout, je préconise une bonne alimentation et un corps qui bouge. L’exercice physique va stimuler les fonctions émonctorielles (travail d’évacuation des « déchets » de l’organisme). Lors des rendez-vous, l’alimentation est très personnalisée selon les clients. Néanmoins, je peux d’ores et déjà conseiller de privilégier une consommation de végétaux (biologique le plus souvent possible), d’éviter au maximum les fast-foods et de se booster avec des sources de vitamines à la place du gras et du sucré. Commencer par-là est déjà une très bonne chose.

Il ne faut pas oublier que le stress prend une dimension importante dans notre vie. Souvent, les clients sont des personnes assez sensibles au stress, voire angoissés ou anxieux. De plus, le parcours de ces clients est une source de stress.

Y'a-t-il des aliments à favoriser et/ou des compléments à prendre en particulier ?

Les aliments de qualité biologique parce qu’ils permettent de consommer des aliments riches en micronutriments et surtout de limiter l’apport d’éléments toxiques potentielles (métaux lourds, pesticides, etc.) qui, pour certains, ont été reconnus comme perturbateurs endocriniens. C’est d’autant plus important si l’analyse des habitudes alimentaires fait ressortir une consommation exagérée d’aliments particulièrement exposés.
En ce qui concerne les compléments alimentaires, à mon sens, nous n’y sommes pas suffisamment formés en France. De par notre manque de maîtrise du domaine, je suis très réservée quant aux compléments alimentaires et je les conseils avec grande prudence. Le mieux est de se concentrer sur son hygiène de vie, sauf si des carences évidentes sont présentes (Magnésium, Fer, etc.). Toutefois, j’ai étudié certains compléments alimentaires et pris des avis auprès d’experts afin de savoir lesquels je peux conseiller sans jouer à l’apprentie sorcière, ce qui n’est pas mon métier.

Les recommandations diffèrent-elles selon le sexe ?

Pour rester sur des recommandations de base, nous pouvons dire que ces propositions sont unisexes. Par la suite, les accompagnements sont individualisés. Nous regardons donc en fonction de la personne, et pas seulement son sexe, quels sont les éléments apportés en surcharge et lesquels mériteraient d’être plus présents dans l’alimentation quotidienne pour tendre vers l’équilibre.

Recommandez-vous des pratiques comme les massages ou l'acupuncture afin de booster la fertilité ?

Les massages peuvent être d’une grande aide, notamment pour évacuer des tensions et toucher à la relaxation chez les personnes présentant un profil exposé au stress. L’acupuncture a montré des résultats encourageant dans les cas d’hypofertilité. Elle est donc suggérée lorsque cela peut paraître un complément utile. En revanche, il faut être prudent puisque, très souvent, les personnes en situation d’hypofertilité et engagées dans une démarche active de conception ont tendance à multiplier les rendez-vous chez les spécialistes de PMA et chez les praticiens de santé complémentaire. Cela ajoute souvent au stress car ces personnes s'épuisent et témoignent de fatigue et d'impuissance face à un sentiment "d'avoir tout tenté".

Quant à moi, au contraire, il m’est arrivé de proposer à une personne de cibler la technique ou le thérapeute avec lequel/laquelle elle se sentait le mieux avancer, et de mettre les autres en pause (y compris moi !). Cela s’est avéré gagnant : la pression baisse donc le stress baisse et la personne parvient à un certain lâcher-prise.


Que faîtes-vous en cas d’échec ?

Il ne s'agit pas d'une science exacte. J'aborde régulièrement l’aspect « et si cela ne marchait pas ? » dans mon accompagnement. L'idée est de s'ouvrir aussi à cette possibilité pour éviter de tomber de haut si un verdict difficile se prononçait. Je suis d'avis de recommander un accompagnement psychologique pour aborder toutes les composantes qu'un tel parcours fait traverser et avoir un espace d'expression pour réussir à avancer malgré tout. Accompagner des couples en situation d’infertilité, c’est une approche pluridisciplinaire, et j’aime travailler en équipe avec des collègues (psychologues, médecins, etc.).